David Hockney – 25 : L’art de regarder autrement
Exposition à la Fondation Louis Vuitton
Du 9 avril au 1er septembre 2025
Une exposition monumentale, à l’échelle d’une œuvre prolifique
Il est rare qu’une institution consacre autant d’espace, de temps et d’attention à un artiste vivant. C’est pourtant le pari que relève la Fondation Louis Vuitton en présentant David Hockney – 25, rétrospective exceptionnelle couvrant soixante-dix ans de création. Avec plus de 450 œuvres exposées dans les onze galeries du bâtiment, l’exposition se donne pour objectif de retracer l’évolution constante d’un artiste qui n’a cessé de renouveler son regard sur le monde. De ses premières peintures à la Royal College of Art à ses expérimentations numériques récentes sur iPad, Hockney offre un parcours foisonnant, libre, et fondamentalement joyeux.
Un regard porté sur la vie, depuis toujours
Le parcours commence par des œuvres de jeunesse réalisées dans les années 1950, où l’on perçoit déjà les signes d’une grande singularité : des portraits expressifs, une attention vive à l’architecture du quotidien, et surtout cette volonté de capter le réel sans jamais se laisser piéger par le réalisme. Hockney regarde, mais il transforme, il déforme, il réinvente. La couleur, chez lui, n’est jamais secondaire : elle est langage, rythme, composition. Une simple chaise devient scène, un intérieur banal devient théâtre.
À travers les décennies, le visiteur voit l’artiste évoluer mais ne jamais renier son goût pour la clarté, la lumière et la structure. Qu’il peigne les piscines californiennes ou les chemins du Yorkshire, Hockney semble chercher le moyen de transmettre ce qu’il ressent au moment de regarder. Et c’est précisément là sa force : nous réapprendre à voir.
La Californie comme rupture, l’iPad comme nouvelle aventure
L’un des moments forts de l’exposition est sans aucun doute la section consacrée aux années 60 et 70, période où Hockney s’installe en Californie et développe son style désormais emblématique : aplats nets, compositions limpides, tons saturés. A Bigger Splash (1967) incarne cette nouvelle ère : une peinture qui semble arrêtée sur l’instant d’un plongeon invisible. Tout y est : la chaleur, la tension du cadre, la solitude lumineuse. On y lit aussi un certain refus du pathos, un art de l’épure qui n’exclut pas l’émotion.
Plus loin, dans les galeries dédiées à ses œuvres numériques, on découvre un Hockney toujours aussi curieux, désormais armé d’un iPad, traçant du doigt des paysages en couleurs vives, comme des carnets de voyage digitaux. L’artiste n’a jamais cessé de chercher comment les outils modifient la perception. Ses iPads ne sont pas des gadgets, mais de véritables ateliers nomades, où la rapidité d’exécution permet une forme de spontanéité nouvelle.
Une scénographie pensée comme un cheminement
La Fondation Louis Vuitton a conçu une scénographie intelligente, à la fois respectueuse de la chronologie et attentive aux résonances thématiques. Chaque salle semble respirer. On y trouve des points de pause, des lignes de fuite, des fenêtres sur la ville. Les galeries les plus vastes accueillent les grandes toiles panoramiques, comme Bigger Trees Near Warter (2007), tandis que d’autres espaces plus intimes sont réservés aux dessins et gravures. Le rythme de la visite alterne entre immersion et concentration, monumentalité et détail.
L’implication personnelle de l’artiste dans le choix des œuvres renforce l’impression d’un parcours cohérent, presque autobiographique. On comprend que cette rétrospective est aussi une forme de récit, non linéaire mais profondément habité.
Voir, encore et encore : une philosophie du regard
Hockney n’a jamais cessé d’interroger le regard. De ses expérimentations photographiques à ses dessins à l’encre sur iPhone, il questionne la perspective, la vision binoculaire, la reproduction. Mais loin d’un discours théorique, il transforme ces interrogations en œuvres pleines de vie. Chaque tableau est un acte d’attention. Il peint pour ralentir, pour observer, pour honorer le monde visible. Dans une époque saturée d’images, cette démarche prend une dimension presque politique : refuser la vitesse, retrouver la sensation de voir.
Dans les vidéos immersives projetées dans les galeries du sous-sol, on retrouve ce plaisir du regard lent. Les paysages bougent à peine, les feuilles tremblent, les ombres glissent. Rien de spectaculaire, tout de sensible. Le spectateur devient promeneur, invité à s’attarder, à ressentir. Là réside sans doute le message central de l’exposition : la beauté n’est jamais loin, elle est dans le fait de regarder vraiment.
Un artiste populaire, mais exigeant
Si Hockney est aujourd’hui l’un des artistes contemporains les plus populaires au monde, c’est peut-être parce que son œuvre réussit à parler à tous, sans jamais céder à la facilité. Il peint des choses simples — une chaise, une piscine, un visage — mais les charge d’une intensité nouvelle. Il utilise la couleur avec audace, mais sans artifice. Il montre le quotidien, mais le rend extraordinaire.
Cette exposition le rappelle : Hockney est un maître de la composition, un technicien de la lumière, un amoureux du dessin. Mais il est aussi un homme libre, qui a suivi son propre chemin, hors des modes, des écoles, des manifestes. À travers 70 ans de création, ce qu’on voit, c’est un regard fidèle à lui-même, un regard en perpétuel mouvement, jamais figé.
Informations pratiques
- Exposition : David Hockney – 25
- Lieu : Fondation Louis Vuitton, 8 Avenue du Mahatma Gandhi, 75116 Paris
- Dates : du 9 avril au 1er septembre 2025
- Horaires : tous les jours sauf le mardi, de 11h à 20h
- Tarifs : plein tarif 16 €, réduit 10 €, gratuit pour les –3 ans
- Réservations : www.fondationlouisvuitton.fr
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