Pieter Vermeersch à la Galerie Perrotin : une immersion chromatique au-delà du visible
Dates : 19 avril – 28 mai 2025
Lieu : Galerie Perrotin, 2bis avenue Matignon, Paris 8e
Une exposition sensorielle au cœur du 8e arrondissement
Dans le cadre élégant et épuré de son espace Matignon, la Galerie Perrotin accueille ce printemps l’artiste belge Pieter Vermeersch. Intitulée Focus, cette exposition propose une exploration sensible et subtile de la couleur, de la lumière et du temps. Vermeersch, connu pour ses œuvres aux dégradés imperceptibles et ses interventions in situ, y déploie un langage pictural à la frontière de la peinture et de l’architecture. L’expérience proposée est moins une démonstration qu’une immersion : le spectateur est invité à ralentir, à observer, à se laisser traverser par la matière même de la lumière.
Qui est Pieter Vermeersch ?
Né en 1973 en Belgique, Pieter Vermeersch est un artiste qui travaille la peinture comme un phénomène atmosphérique. Diplômé de la Hogeschool Sint-Lukas de Bruxelles, il développe depuis les années 1990 une œuvre qui interroge les limites de la perception visuelle. Inspiré par les transitions lumineuses, les couches de brume ou encore les gradations naturelles du ciel, Vermeersch crée des œuvres qui paraissent vibrer dans l’espace. Certaines sont peintes sur toile, d’autres directement sur les murs. Toutes traduisent un même rapport méditatif à la couleur et au silence visuel.
Une scénographie minimaliste mais exigeante
La Galerie Perrotin propose ici une mise en espace qui respecte la logique du travail de Vermeersch : murs blancs, lumière neutre, silence. L’architecture du lieu agit comme caisse de résonance. Aucune œuvre n’est surchargée, aucune ne cherche à dominer l’espace. On entre dans l’exposition comme dans une pièce vide... mais pleine de vibration. Les œuvres dialoguent entre elles dans un rythme respiratoire. L’absence de texte de salle ou d’indications renforce l’expérience immersive et non dirigée.
Des œuvres comme des respirations colorées
Les œuvres exposées sont principalement des toiles grand format à base de dégradés extrêmement précis. La peinture semble y flotter, comme suspendue entre deux états. On retrouve les fameuses transitions bleu/rose, blanc/gris, jaune/vert, qui n’ont ni début ni fin. Certaines pièces évoquent les ciels d’aurore, d’autres les effets d’optique liés à la lumière rasante. Vermeersch travaille par superposition de couches fines, utilisant la peinture comme un voile. Le résultat est d’une précision quasi scientifique, mais à la finalité émotionnelle.
Le mur comme support vivant
Une partie de l’exposition est consacrée à des fresques murales peintes directement sur les cloisons de la galerie. Là encore, Vermeersch module l’espace avec la couleur. Ces fresques transforment l’architecture, l’ouvrent ou la compriment, selon les nuances employées. Le visiteur est ainsi contraint de bouger, de repositionner son regard, de sortir de l’attitude passive pour faire l’expérience d’un déplacement du regard et du corps. Le mur devient une membrane, un seuil entre la peinture et le spectateur.
Une expérience physique du regard
Ce qui frappe dans cette exposition, c’est le sentiment d’apaisement, voire de méditation, qui en émane. À une époque saturée d’images et de messages, le travail de Vermeersch propose une autre temporalité, celle de la lenteur, de la perception graduelle, de l’attention fine. Il ne s’agit pas ici de "comprendre" une œuvre, mais de l’éprouver. Ce type de peinture, bien que radicalement abstrait, renoue avec une forme de sensation directe, presque corporelle. On ressort de l’exposition avec le sentiment d’avoir respiré autrement.
Une critique volontairement mesurée
L’exposition ne plaira sans doute pas à tous les publics. Certains pourront y voir une forme d’hermétisme, de retrait. D’autres regretteront l’absence d’explication ou de repères. Mais c’est précisément là que réside la force de cette proposition : Vermeersch refuse le spectaculaire et privilégie une approche de l’art comme présence silencieuse. Il interroge notre manière de voir, notre capacité à rester en présence, sans divertissement. C’est une posture artistique exigeante, mais profondément actuelle.
Pourquoi faut-il voir cette exposition ?
Parce qu’elle offre un moment de calme dans le tumulte visuel ambiant. Parce qu’elle montre que la peinture n’est pas morte, qu’elle peut encore émouvoir sans représenter. Parce qu’elle invite à une forme d’attention rare, précieuse. Et aussi parce qu’elle s’inscrit dans une tradition picturale européenne qui dialogue autant avec la couleur de Mark Rothko qu’avec les subtilités des peintres flamands. Une exposition à voir en prenant son temps, sans urgence, comme on écoute une pièce musicale minimaliste.
Informations pratiques
- Exposition : Focus – Pieter Vermeersch
- Lieu : Galerie Perrotin, 2bis avenue Matignon, 75008 Paris
- Dates : du 19 avril au 28 mai 2025
- Entrée : libre
- Horaires : du mardi au samedi, 11h–19h
- Plus d’infos : www.perrotin.com
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