Nancy Graves – The Illusion of Motion
Exposition à la Galerie Perrotin (Marais, Paris)
Du 23 avril au 31 mai 2025
Une cartographie sensible du savoir
Avec l’exposition The Illusion of Motion, la Galerie Perrotin rend hommage à l’œuvre singulière et foisonnante de l’artiste américaine Nancy Graves (1939–1995). À travers une sélection dense de sculptures, peintures, collages, estampes et documents d’archives, cette exposition nous plonge dans l’univers d’une artiste inclassable, à la croisée de l’art, de la science et de l’observation du vivant. Graves défie les frontières disciplinaires en traduisant des données scientifiques en gestes plastiques. Elle convoque l’imaginaire géographique, biologique, astronomique ou encore cartographique dans un langage artistique radicalement personnel, énigmatique et poétique.
Une exposition pensée comme une constellation
Dès l’entrée dans l’espace de la galerie, le visiteur est happé par l’accumulation volontaire d’œuvres qui semblent s’interpeller mutuellement. Il ne s’agit pas ici de proposer une rétrospective linéaire ou didactique, mais plutôt une constellation de fragments, de pistes, de correspondances visuelles. Certaines œuvres sont suspendues, d’autres au mur, d’autres encore sur socles : elles semblent presque en mouvement, comme si la mise en espace était elle-même une tentative de figurer la dynamique mentale de Nancy Graves. Rien n’est figé : tout vibre, se répond, se superpose dans un agencement foisonnant mais maîtrisé.
La scénographie respecte cette logique de l’archipel. Les œuvres ne sont pas isolées, mais dialoguent librement, sans hiérarchie. Le spectateur est invité à circuler, à revenir sur ses pas, à recomposer sa propre cartographie de l’exposition. Ce déplacement actif du regard fait partie intégrante de l’expérience : on ne lit pas l’exposition comme un texte, on la traverse comme un champ magnétique.
Quand la science devient matière plastique
Une des forces majeures du travail de Graves réside dans sa capacité à extraire du monde scientifique une esthétique propre. Loin de toute froideur, ses œuvres sont traversées par un enthousiasme visuel, une jubilation presque enfantine à manipuler les formes, les schémas, les tracés. Des relevés topographiques deviennent des textures ; des planches anatomiques se transforment en motifs abstraits. Le spectateur peut ainsi contempler une carte géologique transformée en motif coloré, ou une série d’ossements stylisés métamorphosés en sculpture organique.
Graves ne se contente pas de représenter la science : elle la transforme en langage plastique. Les données deviennent supports de fiction, les schémas se muent en rythmes, les nomenclatures en formes mouvantes. Cette opération n’est ni décorative, ni ironique : elle relève d’un véritable désir de connaissance. C’est là tout le paradoxe de son œuvre : profondément érudite, elle demeure sensorielle, instinctive, accessible au regard profane autant qu’à l’œil averti.
Œuvres remarquables : de l’océan aux constellations
Parmi les œuvres exposées, plusieurs marquent durablement le visiteur. Indian Ocean Floor I (1972), inspirée par les relevés bathymétriques du fond marin, propose une sorte de paysage abstrait composé de zones colorées, dont l’agencement imite les données scientifiques tout en les transgressant. Cette œuvre illustre parfaitement la tension entre exactitude et invention qui traverse tout le travail de Graves.
Dans une autre salle, des sculptures composées d’éléments en bronze, acier, plexiglas et peinture évoquent à la fois des structures moléculaires et des organismes fossiles. Leur agencement, délicat et complexe, semble hésiter entre le végétal et le mécanique. On ne sait jamais ce que l’on regarde : un corps en formation, une machine désossée, un alphabet en suspension ? L’ambiguïté est constante, stimulante, jamais gratuite.
Enfin, les estampes et collages mêlant cartes géographiques, photographies scientifiques et éléments typographiques constituent une forme de laboratoire visuel. Graves y expérimente le glissement entre supports, échelles et langages. On sent une immense liberté à l’œuvre, une capacité à assembler sans hiérarchie des sources hétérogènes pour en faire émerger une vision du monde complexe, fragmentaire mais cohérente.
Une artiste résolument contemporaine
Bien que décédée en 1995, Nancy Graves apparaît aujourd’hui comme une figure résolument contemporaine. Son intérêt pour les systèmes de représentation, les données visuelles, la circulation des savoirs et l’interdisciplinarité résonne avec les préoccupations de nombreux artistes actuels. Elle anticipe, en quelque sorte, ce que nous vivons aujourd’hui : un monde saturé d’informations, où l’art devient un moyen de les reconfigurer, de les humaniser.
Mais Graves ne cède jamais à la tentation de l’illustration ou de la vulgarisation. Elle ne « traduit » pas la science en art : elle la digère, l’assimile, la réinvente. C’est pourquoi son œuvre demeure si énigmatique, si peu réductible à une thèse. Ce qu’elle propose, ce sont des visions du savoir, des formes de connaissance sensible. En ce sens, elle appartient autant à l’histoire des sciences qu’à celle de l’art.
Une expérience sensible, réflexive et libre
Ce qui se joue dans cette exposition, c’est moins une rétrospective qu’un manifeste en creux. Un appel à repenser les frontières entre disciplines, à interroger la notion même de source ou de vérité. Le regard que Graves pose sur le monde n’est ni cynique ni naïf : il est profondément curieux, toujours en mouvement. En ce sens, le titre The Illusion of Motion prend tout son sens. Ce n’est pas le mouvement réel qui l’intéresse, mais sa figuration, sa perception, ses multiples traductions.
À l’heure où le monde de l’art tend parfois à se refermer sur des formats attendus, l’œuvre de Nancy Graves rappelle combien la liberté formelle peut être au service d’un questionnement fondamental. C’est une œuvre savante, mais jamais froide ; complexe, mais jamais arrogante. Une œuvre à découvrir lentement, en laissant le regard s’adapter, s’attarder, dériver.
Informations pratiques
- Exposition : The Illusion of Motion – Nancy Graves
- Lieu : Galerie Perrotin, 76 rue de Turenne, 75003 Paris
- Dates : du 23 avril au 31 mai 2025
- Entrée : libre
- Horaires : du mardi au samedi, de 11h à 19h
- Site officiel : www.perrotin.com
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