Gandamaison – Le monstre habité de bois et de lumière

Gandamaison – Le monstre habité de bois et de lumière

Tadashi Kawamata à La Maréchalerie, centre d’art contemporain de l’ENSA Versailles

Un colosse de cagettes, entre abri et vertige

Un corps immense se déploie sous la charpente de La Maréchalerie. Il ne crie pas, ne bouge pas, mais semble avoir surgi là, comme échoué dans l’enceinte de pierre. Ce corps, fait de cagettes empilées, est un géant sans forme, un organisme sans nom. Il déborde du toit, glisse sur les murs, s’installe au sol. Il ne s’impose pas par la force, mais par la prolifération, par la répétition patiente du geste. C’est une œuvre qui avance lentement, comme la mousse sur un rocher ou la rumeur dans une ville endormie.

À l’intérieur, le ventre est une grotte. Un espace creux, habité d’ombres et de lumière douce. Le bois blond, fragile, granuleux, tapisse les parois comme une peau assemblée par fragments. La lumière filtre à travers des interstices, comme si l’œuvre respirait. On marche dans un souffle. On entre, on observe, et peu à peu, on se laisse happer.

Un matériau pauvre, une architecture vivante

La cagette, cet objet humble, fonctionnel, promis à la benne une fois son usage terminé, devient ici brique, structure, mur, peau, souffle. Ce que Kawamata réussit, c’est à faire parler la matière sans la trahir. Rien n’est travesti. Il n’y a pas de peinture, pas de vernis, pas de trompe-l’œil. Il n’y a que la répétition d’un même geste : empiler, agrafer, combiner. Et peu à peu, l’objet disparaît dans l’ensemble. La cagette cesse d’être elle-même, elle devient cellule.

L'installation épouse l’espace, l’habille. Elle ne le détruit pas, ne le masque pas, mais le reconfigure. La baie vitrée reste visible. La lumière naturelle pénètre. L’air circule. L’œuvre est poreuse. Elle n’enferme rien, elle accueille. Elle rend hommage à l’architecture en l’épousant plutôt qu’en s’y opposant. Et ce faisant, elle propose une autre manière d’habiter l’espace, de le ressentir, de le traverser.

L’organique contre le monumental

Dans un monde saturé de surfaces lisses et d’écrans plats, Gandamaison réintroduit le grain, la faille, la poussière. On sent l’odeur du bois sec. On entend le crissement des semelles sur les planches. L’art redevient physique, tactile, charnel. Le regard ne peut se fixer nulle part, chaque plan de la structure dévie la vision. On perd ses repères, et c’est précisément là que la poésie commence.

Le géant n’a pas de forme définie. Il est informe, mouvant, comme un rêve qu’on aurait matérialisé sans le figer. Il est chaos et construction. Il est la preuve que l’accumulation peut engendrer de l’harmonie. Kawamata travaille à contre-courant du monumental. Il refuse la ligne droite, la symétrie, le calcul. Il propose une architecture du vivant, qui pousse comme une plante, qui s’adapte comme un animal, qui se recompose sans cesse.

Un abri pour le regard

On ne visite pas Gandamaison comme une sculpture qu’on contourne, mais comme un lieu dans lequel on entre. L’œuvre est immersive, mais non spectaculaire. Elle n’écrase pas, elle enveloppe. On peut s’y asseoir, y respirer, y rester. Ce n’est pas un décor, c’est un monde. Et ce monde, on le traverse avec lenteur, avec attention.

L’installation parle d’abri, de refuge, de retrait. Dans ses creux, on pourrait lire les métaphores de nos vulnérabilités. Dans ses excès, les pulsations du monde. C’est un art qui se situe entre ruine et cabane, entre temple et grenier. Et c’est cela qui bouleverse : la capacité à nous faire sentir que l’on pourrait vivre là, même symboliquement, à l’abri d’une structure faite de rebuts.

Une œuvre entre mémoire, résilience et poésie

Kawamata travaille depuis longtemps sur les notions de recyclage, de fragilité, de collectivité. Chaque œuvre naît d’un lieu, d’un contexte, d’un geste répété. Il y a chez lui un engagement écologique et social discret, mais profondément ancré. Il transforme le provisoire en essentiel, le jetable en habitable, la ruine en promesse. Il ne dénonce pas, il construit à partir de ce qui reste.

Gandamaison, c’est aussi une mémoire du geste. Chaque agrafe, chaque entaille, chaque superposition raconte une tentative de relier. Ce n’est pas une œuvre figée : c’est un chantier poétique. Elle porte les traces du faire, les cicatrices du montage. Et c’est ce qui en fait sa beauté : une fragilité assumée, une force silencieuse.

Un transport du regard, un transport de matière

Il est fascinant de penser qu’une telle œuvre, si organique, si spontanée en apparence, ait nécessité une logistique précise, patiente, presque artisanale. Transporter ces milliers de cagettes, les assembler, les faire tenir : c’est un autre versant de l’art, souvent invisible. Un versant que des sociétés spécialisées rendent possible, avec discrétion mais efficacité.

2H Transports, en lien avec de nombreuses structures culturelles, propose ce savoir-faire logistique au service de l’art contemporain. Transport express d’installations, scénographies, éléments fragiles ou atypiques, manutention avec soin, souplesse des délais : tout ce qui permet à une œuvre de s’implanter, de vivre, de s’adapter à un lieu.

À l’image de Kawamata, 2H Transports valorise la souplesse, l’écoute, l’inventivité. Un partenaire pour les artistes, les commissaires, les institutions — de Paris à Lyon, de Nantes à Marseille.

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